Le domaine du transport a été largement impacté par la crise du Covid-19 (confinements, restrictions de déplacement, fermeture des commerces, etc.). Désormais, la hausse des prix de l'énergie causée par la guerre en Ukraine affecte à nouveau le secteur. Face aux crises sanitaire, énergétique mais aussi écologique, une réduction de la consommation énergétique est donc essentielle pour la stabilité de la filière. Hellio vous explique comment économiser l’énergie dans le secteur des transports.
Un projet d'optimisation énergétique pour votre entreprise de transport ?
Au sommaire :
État des lieux du secteur des transports
Des enjeux économiques
D’après les statistiques du ministère de la Transition écologique, les entreprises de transports ont vu une baisse significative de leurs activités. En effet, les dépenses des ménages ont baissé de 16 % en transport individuel et de 52,7 % en transport collectif en 2020. De même pour le transport terrestre de marchandises, avec une baisse de 4,9 % ainsi que le transport ferroviaire de 7,8 % en 2020 (par rapport à 2019).
Après la crise du Covid-19, c’est maintenant la crise énergétique qui préoccupe le secteur des transports. Sur un budget total de 10 milliards, Valérie Pécresse, présidente d’IDFM (Île-de-France Mobilités), explique que « En 2023, une hausse colossale du prix de l'énergie va déferler sur les transports du quotidien. Uniquement pour l'exploitation des réseaux, cette inflation va représenter 950 millions d'euros de plus pour IDFM ». En effet, le secteur ne peut pas faire face seul à cette crise. C’est pourquoi, Bruno Le Maire a mis en place le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité ; celui-ci limite la hausse à 15 % sur le prix du gaz depuis le 1er janvier 2023 et sur le prix de l’électricité depuis le 1er février 2023.
Pour beaucoup de Français, la voiture est indispensable, surtout pour les populations rurales. Tandis qu’en ville, les trajets quotidiens (environ 3 km) sont deux fois plus polluants qu’un plus long trajet (forte consommation avec un moteur froid, arrêt/redémarrage régulier). En outre, le coût des transports est élevé pour les Français et les entreprises (achat des voitures, coût du carburant, entretien, etc.). Concernant les collectivités, l’entretien des réseaux routiers coûte plus de 12 millions d’euros par an. Source : Ademe.
Le gouvernement a publié les chiffres clés du transport, édition 2023.
Des enjeux environnementaux
Le secteur des transports est, en outre, le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre (31 %) et a augmenté de 9 % de 1990 à 2019 (notre-environnement.gouv.fr). D’après l’Ademe cette pollution de l’air a de nombreux impacts sur la santé (difficultés respiratoires, allergies, troubles cardiaques, etc.), environ 40 000 décès annuels en France sont liés aux particules fines et 7 000 décès sont liés au dioxyde d'azote (venant notamment du secteur des transports mais aussi de l’industrie et de l’agriculture).
Parmi l’ensemble du secteur, les véhicules particuliers dégagent plus de la moitié des émissions globales de gaz à effet de serre (53 %) en France (hors transports internationaux aériens et fluviaux). La seconde moitié émettrice de GES réunit respectivement : les poids lourds (21 %), les véhicules utilitaires (19 %), le non routier (5,6 %) et les deux-roues (1,3 %). C’est pourquoi, le transport routier est la première cible à décarboner au sein du secteur (ecologie.gouv.fr).
Objectifs d’économies d’énergie
L’un des principaux enjeux du secteur des transports est de concevoir des véhicules peu consommateurs et à faibles émissions de GES, qui seront mis en vente sur le marché en 2023 et rouleront encore en 2050. D’autant plus que l'objectif de neutralité carbone en 2050 est primordial pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C et “garantir un avenir viable” d’après le rapport du GIEC de 2019.
Pour pouvoir atteindre cet objectif ambitieux, le Ministère de la Transition écologique et solidaire a élaboré la Stratégie nationale bas carbone de 2018, dont deux objectifs majeurs impactent le secteur des transports :
- Diminuer de 30 % la consommation d’énergies fossiles d’ici 2030 (par rapport à 2012) ;
- Parvenir à 10 % d’énergie finale consommée venant d’énergies renouvelables en 2020 et 15 % en 2030.
La loi d’orientation des mobilités (LOM) du 24 décembre 2019, fixe quant à elle, une trajectoire intermédiaire et fidèle aux objectifs de la Stratégie nationale bas carbone et de la France au plan européen. La loi vise donc la réduction de 37,5 % des émissions de CO2 en 2030 et l’interdiction de la vente de voitures à énergie fossile en 2040. En vue d’atteindre ces objectifs, cette loi propose des actions pour restreindre les modes de transport les plus polluants et encourager ceux à bas carbone.
Professionnels du secteur des transports, Hellio vous guide pour économiser l’énergie
Solutions d’économies d’énergie pour le domaine du transport
Comment le secteur des transports peut-il faire des économies d’énergie ? Entreprises, collectivités, particuliers, tous les secteurs peuvent, à leur échelle, réduire leurs consommations d’énergie et participer à la lutte contre le réchauffement climatique.
Restreindre les modes de transport polluants
Les voitures individuelles et polluantes
Les actions suivantes visent à rendre les voitures individuelles et polluantes moins attractives en ville :
- Développer des zones à faibles émissions (ZFE) accessibles seulement aux véhicules les moins carbonés, telles que la certification Crit'air.
Avec cette certification, les véhicules sont répartis en 6 classes environnementales selon leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Par exemple, seuls les Crit’Air 1, 2 et 3 sont actuellement autorisés dans le Grand Paris.
- Réduire le nombre de stationnements
- Réduire la vitesse, notamment en ville (à 30 km/h)
- Développer des zones piétonnes et aménager des couloirs de bus et pistes cyclables
- Etc.
Le transport aérien
Le plan de sobriété énergétique, publié fin 2022 par le ministère de la Transition énergétique, incite les entreprises à supprimer les trajets en avion de ligne régulière inutiles, si le temps de parcours en train est inférieur à 4 heures pour un aller et inférieur à 6 heures pour un aller-retour en une journée.
Ce plan suggère également de rénover le chauffage et la climatisation des aérogares et de mettre en place des règles pour limiter la consommation de kérosène.
Face aux préoccupations environnementales liées au dérèglement climatique, le domaine aérien dirige ses programmes de R&D vers des avions bas-carbone avec l’hydrogène, les bio-carburants et les e-carburants.
Privilégier les modes de transport peu gourmands en énergie
Train, vélo, marche, covoiturage… ces modes de transport sont peu énergivores par rapport au nombre de personnes qu’ils transportent. Il est donc nécessaire de les rendre plus accessibles voire de les combiner. On parle de mobilité douce ou décarbonée.
C’est l’objectif du décret n° 2022-1119 de la loi Climat et résilience de 2022, qui oblige les calculateurs d’itinéraires (Google Maps, Waze, Mappy...) à révéler aux utilisateurs le taux de pollution engendrée par leurs trajets puis à leur suggérer des trajets moins polluants.
Quant au transport intermodal, cette technique consiste à déplacer des marchandises de grande taille dans un même conteneur par deux ou plusieurs modes de transport. Celui-ci améliore la sécurité des marchandises (moins de vols et de mauvaises manipulations), réduit les coûts et les délais de livraison. D’ailleurs, l’acquisition (achat ou location) d’un wagon autoroute ferroviaire ou d’une unité de transport intermodal — rail/route et fluvial/route — est éligible à une prime des Certificats d’économies d’énergie (CEE) — TRA-EQ-108.
La LOM prévoit également de faire plus de places pour les passagers qui ont des vélos dans les trains (TER, TET et les TGV), leur permettant de combiner plusieurs modes de transport.
De plus, l’État instaure deux aides destinées aux salariés pour les encourager à ne plus prendre leur voiture :
- Le forfait mobilités durables (FMD) de 2023, est un dispositif de la Loi d’orientation des mobilités pour soutenir financièrement les salariés du secteur privé qui se déplacent en covoiturage, à vélo ou en autopartage de véhicules électriques, hybrides rechargeables ou hydrogènes.
- En 2023, les entreprises peuvent rembourser jusqu’à 75 % de l’abonnement aux transports en commun (bus, métro, train, tramway, location de vélos) aux salariés.
Les entreprises peuvent également mettre en place un Plan de Mobilité (PDM) afin de diminuer le trafic routier et sa pollution engendrée par le déplacement de leurs salariés.
Le transport ferroviaire
Le plan de sobriété énergétique de 2022 prévoit pour le transport ferroviaire des actions ciblées, comme la diminution des consommations d’électricité pendant les stationnements des trains, ou la rénovation des ascenseurs et escaliers mécaniques.
Le transport fluvial et portuaire
Ce même plan de l’État encourage par exemple le transport fluvial et portuaire à installer des bornes électriques pour le branchement des bâteaux, ou bien à diminuer les vitesses des systèmes de motorisation des écluses et dragues.
Le vélo et la marche
Depuis la création des Vélib’ (2007), le déplacement en vélo est de plus en plus utilisé, principalement dans les centres villes de plus de 100 000 habitants car 60 % des trajets y sont inférieurs à 5 km.
En 2018, l’État lançait le premier Plan Vélo et mobilités actives. Fort de sa réussite, ce plan a été reconduit sur la période 2022-2027 et vise à améliorer la sécurité routière, à développer 100 000 km d’aménagements cyclables mais aussi à lutter contre le vol. L’objectif du plan est de rejoindre la moyenne européenne de 9 % d’ici 2024.
En effet, certains européens ont mis en place de nombreuses voies cyclables. Il est d’ailleurs possible de voyager à vélo ! EuroVélo est un réseau cyclable européen composé de 17 itinéraires, dont 6 traversent la France. Ces itinéraires permettent de voyager en Europe de manière écoresponsable et économique.
La pratique du vélo est maintenant accessible dès le plus jeune âge. Depuis 2019, l’enseignement du vélo est obligatoire dans les établissements du premier degré (écoles maternelles, élémentaires et primaires).
La marche quant à elle, est le mode de transport le plus sobre énergétiquement. Comme pour le vélo, les villes ont, par exemple, pour mission de créer davantage d’espaces sécurisés (trottoirs larges, zones piétonnes…).
Le covoiturage
Le covoiturage permet aux particuliers de réduire leurs dépenses liées aux déplacements, de participer à l’amélioration de la qualité de l’air, de réduire les embouteillages. Pour les collectivités, il permet de réduire le nombre de stationnements et les coûts publics.
Le covoiturage s’est démocratisé en France pour les particuliers, depuis la création de BlaBlaCar en 2006. Par la suite, les plateformes de covoiturage spécialisées dans les trajets domicile-travail se sont développées (Klaxit, Blablacar Daily, Karos, etc.). Cependant, le taux d’autosolisme moyen, c’est-à-dire le fait de circuler seul dans sa voiture, a augmenté en 2022 passant de 82,6 % à 85,2 % (hors week-end), selon l’étude de VINCI Autoroutes.
Depuis le 1er janvier 2023, les conducteurs qui réalisent des trajets via des plateformes de covoiturage peuvent demander les primes Coup de pouce Covoiturage.
Les véhicules en autopartage
L’INFO HELLIO :
Les entreprises peuvent instaurer le dispositif « crédit mobilité » : l’employé peut renoncer partiellement ou totalement à son véhicule de fonction et reçoit une contrepartie financière pour réaliser des trajets professionnels et personnels. Cela permet aux entreprises de réduire leur flotte automobile, libérer des places de parking et réduire leurs émissions de CO2.
Le principe d’autopartage pour les particuliers :
- Le propriétaire loue son véhicule, lui permettant de rentabiliser l’achat de sa voiture ;
- Le locataire peut bénéficier d'une voiture près de chez lui, pour réaliser des trajets occasionnels et économiques, sans avoir à acheter une voiture.
Les collectivités peuvent également instaurer un système d’autopartage, en diminuant les places de stationnement pour proposer des véhicules électriques en libre service. L’autopartage est encore très peu mis en place dans les petites villes : 100 % des villes de plus 250 000 habitants sont équipées de véhicules d’autopartage, contre 2 % pour les villes de moins de 50 000 habitants (banquedesterritoires.fr).
Privilégier les véhicules électriques et hybrides rechargeable
La stratégie nationale bas carbone compte organiser des quotas de véhicules bas carbone pour les renouvellements des flottes : 20 % pour les collectivités, 50 % pour l’Etat et 10 % pour les professionnels.
Collectivités
Dans le cas d’un renouvellement d’une flotte de transports en commun (> 20 bus/cars), le pourcentage des véhicules à faibles émissions doit être d’au moins 50 % depuis 2020 et devra être de 100 % en 2025, avec le décret du 11 janvier 2017.
Les collectivités sont encouragées par la Stratégie nationale bas carbone à développer des infrastructures de bornes de recharge électrique. La stratégie prévoit de mettre en place au moins 7 millions de points de charge pour véhicules électriques pour 2030.
Entreprises
Les entreprises doivent également verdir progressivement leurs flottes de véhicules. En effet, l’article n° 77 de la loi d’orientation des mobilité, oblige les entreprises avec une flotte supérieure à 100 voitures de posséder une pourcentage de véhicules produisant de faibles niveaux d'émissions de GES et de polluants atmosphériques, selon les échéances suivantes :
- 10 % du renouvellement depuis le 1er janvier 2022
- 20 % du renouvellement à partir du 1er janvier 2024
- 35 % de ce renouvellement à partir du 1er janvier 2027
- 50 % de ce renouvellement à partir du 1er janvier 2030
Particuliers
La Loi d’orientation des mobilités a également instauré une prime — jusqu’à 6 000 € — à la conversion pour les particuliers et professionnels qui achètent un véhicule neuf ou d'occasion (thermique, hybride rechargeable ou électrique) contre la mise au rebut d'un vieux véhicule.
Copropriétés
De même, les bâtiments à usage d’habitation, avec un parking de plus de 10 places, ont pour obligation d’installer des points de recharge, depuis la LOM :
- pour les bâtiments neufs dont le permis de construire a été déposé après le 11 mars 2021
- pour les bâtiments existants qui réalisent une rénovation des stationnements ou de l’installation électrique
Adopter l’éco conduite
Tout conducteur peut pratiquer l'éco conduite, une conduite économique et éco responsable, permettant de diminuer sa facture de carburant, de réduire son empreinte écologique et d’améliorer sa sécurité et de l’ensemble des usagers de la route.
L’ASTUCE HELLIO :
Le lubrifiant économiseur d’énergie permet de réduire les émissions polluantes, il est éligibles aux CEE (TRA-EQ-104) :
- pour les véhicules légers de catégorie M1
- pour les flottes de véhicules de transport de personnes ou de marchandises
Huit principes à suivre pour pratiquer l’écoconduite :
- Prendre sa voiture pour des trajets de plus de 2 km
- Anticiper ses trajets pour éviter les embouteillages
- Adopter une conduite souple (sans accélérations et freinages inutiles) et garder ses distances de sécurité
- Toujours être sur le rapport de vitesse le plus élevé
- Rouler moins vite (surtout lors des premiers kilomètres)
- Ne pas surcharger sa voiture
- Couper le moteur pour tout arrêt de plus de 20 sec
- Entretenir sa voiture régulièrement (regonfler les pneus, utiliser un lubrifiant économiseur d’énergie)
Les conducteurs de bus et de train peuvent également être formés à l'éco conduite et faire des économies d’énergie !
Par ailleurs, la télématique embarquée (éligible aux Certificats d’économies d’énergie) est une solution qui collecte et analyse les données d’un véhicule et les habitudes de conduite (conduite brusque ou excès de vitesse). Cette technologie permet de sensibiliser les conducteurs à l’écoconduite, d’augmenter la durée de vie des véhicules et de réduire les émissions de CO2.
LE CHIFFRE HELLIO : 15 %
D’après l’Agence européenne pour l’environnement 2008, la pratique de l’éco conduite permet de diminuer d’environ 15 % sa consommation de carburant sur la route.
Favoriser le télétravail
Le télétravail de 2 à 3 jours par semaine a prouvé ses nombreux avantages depuis la crise sanitaire : gain de temps, de flexibilité et de productivité, favorise l’équilibre vie professionnelle et personnelle, diminue le trafic routier et ferroviaire, etc. Pour les entreprises, le télétravail permet également de réaliser des économies en diminuant le nombre de bureaux et de faire baisser le nombre d’arrêts de travail.
Le plan de sobriété énergétique de l’État, encourage donc les entreprises à instaurer plus de travail, notamment pendant les périodes de pics de consommation.
Les aides CEE éligibles aux professionnels des transports
Le dispositif des certificats d’économies d’énergie (CEE), est introduit par la loi POPE en 2005. Il oblige les fournisseurs d’énergie et de carburant à financer des actions d’efficacité énergétique.
La prime CEE transport est éligible pour de nombreux professionnels au sein des transports :
- Les entreprises de transport et de logistique ;
- Les entreprises avec une flotte automobile ;
- Les spécialistes du fret ferroviaire, maritime et fluvial ;
- Les fabricants et équipementiers…
Trois types d’actions permettent de créer des CEE :
- Opérations standardisées : 36 fiches sont dédiées au secteur des transports
- Opérations spécifiques
- Programmes CEE
Face à la hausse des prix du carburants, réduisez vos factures énergétiques