Émission : Comprendre la transition énergétique - Podcast #15
Fit for 55 : Accélérerla lutte contre le changement climatique au niveau européen.
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En juillet 2021, la Commission européenne soumettait un ensemble de textes intitulé Fit for 55 destiné à accélérer la lutte contre le changement climatique. Son objectif ? Réduire de 55 % les gaz à effet de serre d'ici 2050 au niveau européen.
La France à la tête de la Commission européenne pour six mois, entend bien défendre fermement cette impulsion et embarquer les entreprises dans cette transition énergétique à grand potentiel pour la croissance.
Marina Offel, responsable des affaires publiques et juridiques du groupe Hellio, détaille les enjeux de ce projet de textes, Fit for 55, pour la transition énergétique, pour les entreprises et pour les ménages.
Quel est ce projet de textes au niveau européen intitulé Fit for 55 ?
Il s'agit d'un ensemble de textes proposés par la Commission européenne en juillet 2021, qui étaient destinés à accélérer la lutte contre le changement climatique avec un objectif phare : réduire de 55 %, d'où le nom Fifty Five, de gaz à effet de serre d'ici 2050.
Donc c'est un objectif très ambitieux qui devrait être décliné par la publication de ces textes au cours des deux prochaines années.
Nous manquons de main d'œuvre dans le secteur de la rénovation énergétique. C’est un sujet assez prégnant pour le prochain gouvernement qui sera en place.
N’est-ce pas une déclinaison au niveau européen d'une démarche dans laquelle la France est déjà très engagée puisqu'elle s'est déjà engagée de son côté à réduire de 75 % ses gaz à effet de serre d'ici 2050 ?
Alors, je ne dirai pas déclinaison, je dirais plutôt impulsion parce qu’en effet, la France a été et est toujours très motrice dans les prises de décision au niveau européen, qui sont ensuite déclinées aux 27 États membres. Et le contexte justifie cela puisque, depuis janvier 2022, la France a pris la présidence du Conseil de l'Union européenne pour six mois.
C'est une présidence tournante et elle va du coup pouvoir défendre cette impulsion et défendre les propositions qu'elle a faites dans le cadre de ses réflexions de textes européens.
Croyez-vous que l’objectif de cette feuille de route européenne Fit for 55 soit réalisable ?
C'est réalisable. Toutefois, il faut vraiment qu'on s'attelle aux moyens qu'on met sur la table. En France, comme vous l'avez très bien dit, on a rehaussé nos objectifs donc ça nous donne une ligne d'horizon. En revanche, les entreprises, le public, les ménages mettent en avant qu'ils manquent de moyens financiers pour atteindre ces objectifs. Nous le voyons chez Hellio, par exemple sur les travaux de rénovation énergétique, un reste à charge est souvent très important pour pouvoir faire des travaux efficaces.
En outre, les banques, en tout cas les aides publiques, ne permettent pas de couvrir ce coût. Rien que pour ça, déjà, on a un moyen financier qui fait défaut.
L'autre moyen est également humain. On manque de main d'œuvre dans le secteur de la rénovation énergétique pour atteindre ses objectifs. Et ça, c'est un sujet qui est assez prégnant pour le prochain gouvernement qui sera en place. Il faut s'atteler à la formation professionnelle des métiers du secteur de la transition énergétique en général.
Le troisième moyen qui nous fait défaut, c'est une réglementation cohérente qui va toujours globalement dans le sens de la lutte contre le changement climatique. Il faut avouer que les entreprises du secteur, les ménages également, se retrouvent face à des contradictions, car parfois le choix d’un matériel ou d’équipement européen produit en Europe, donc avec moins d'énergie, est beaucoup plus coûteux qu'un équipement produit à l'autre bout du monde. Le plus souvent, les ménages font le choix du faible coût.
L'Europe a la réglementation la plus sophistiquée, la plus avancée dans la transition énergétique au niveau mondial.
Vous parlez de réglementations cohérentes avec les États membres, est-ce que c’est réalisable, car on a tous peut être des réglementations différentes ?
C'est tout à fait l'enjeu et le rôle de l'Europe.
L'Europe, depuis plusieurs années, est assez leader dans la réglementation qu'elle impose de manière verticale à ses États membres. On le lui reproche souvent, mais il faut avouer que l'Europe a la réglementation la plus sophistiquée, la plus avancée dans la transition énergétique au niveau mondial. Et elle veut continuer à avoir ce rôle de leadership puisque cette série de textes Fit for fifty five impose un objectif encore plus ambitieux. L'Europe veut être ce coin du monde qui impulse, embarque les entreprises dans cette transition énergétique à grand potentiel pour la croissance.
Avec la présidence française à la tête du Conseil de l'Union européenne, on est bien placé pour faire avancer les choses ?
Tout à fait. Emmanuel Macron a pris la présidence française du Conseil de l'Union européenne en janvier 2022 et donc à loisir, pendant ces six mois, d'impulser les propositions que la France a elle-même fait à l'Europe sur ces projets de textes de propositions pour réduire ces gaz à effet de serre. Donc, effectivement, elle est bien placée. Il faut quand même avouer que la crise ukrainienne perturbe un peu le calendrier et les forces à mobiliser pour défendre ses textes mais cette crise ukrainienne renforce aussi tout l'enjeu d'être plus résilient par rapport aux énergies étrangères, de favoriser les économies d'énergie, de favoriser l'économie circulaire, c'est à dire les matériaux, les équipements, les entreprises européennes. Et là-dessus, la France va pouvoir s’exprimer pour défendre ces sujets.
En tant que responsable des affaires publiques et juridiques chez Hellio, quel rôle pensez-vous que cet acteur majeur des économies d'énergie qu'est Hellio peut jouer justement au niveau européen ?
Depuis 14 ans, on est une entreprise qui a grandi, qui s'est expérimentée sur le secteur de la rénovation énergétique. Toute cette expérience, ces échanges, ces critiques et ces propositions que nous formulons au quotidien, nous les avons recensées dans un document qui est les 40 propositions à impact sur la maîtrise de l'énergie du groupe Hellio, que nous avons diffusé aux équipes de campagne dans le cadre des élections présidentielles. Évidemment, dans ce document, nous avons une série de propositions qui est dédiée aux sujets européens que nous avons partagé aux décideurs et aux parlementaires européens également, qui auront à loisir de pouvoir récupérer ces solutions concrètes pour maximiser les économies d'énergie.
C'est un sujet majeur aujourd'hui puisque le contexte nous le rappelle : économiser son énergie permet d'être plus résilient par rapport au contexte étranger, permet de favoriser l'économie européenne, de favoriser les entreprises et également de baisser le coût énergétique pour tous les secteurs d'activité et également les ménages. Donc pour nous, clairement, l'intérêt, c'est de prioriser l'efficacité énergétique dans la politique européenne.
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