Saga #TerritoiresEngagés #TransitionÉnergétique : l’Association des Petites Villes de France

Rédigé par Amélie
Mis à jour le 31 janv. 2024
Temps de lecture : 6 min

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Sacha Bentolila association petites villes France

Témoignage de Sacha Bentolila, chargé des relations avec le Parlement et des questions environnementales pour l’Association des Petites Villes de France (APVF). Cette structure porte la voix de ces territoires pour les replacer au cœur de la transition énergétique et écologique. Cet échange a été l’occasion de revenir sur son organisation, l’ambition et les freins rencontrés par les petites villes dans “leur” propre transition.

Pourriez-vous présenter le rôle de l’Association des Petites Villes de France et sa mission ?

Sacha Bentolila : L’Association des Petites Villes de France fédère depuis 30 ans les petites villes de 2 500 à 25 000 habitants pour promouvoir leur rôle spécifique dans l’aménagement du territoire. Elle compte aujourd’hui près de 1 200 adhérents, présents dans tous les départements de France métropolitaine et d’Outre-Mer.

Sa mission consiste à :

  • Porter la voix des petites villes : nous représentons les petites villes de France auprès des institutions, par exemple, sur la question des Contrat de Transition Écologique (CTE).
  • Conseiller les petites villes : les élus locaux qui disposent de peu de capital humain au sein de leur collectivité ont besoin de ce volet conseil.
  • Information et communication sur différentes thématiques : notre newsletter hebdomadaire et notre tribune mensuelle qui vient d’être refaite nous permet d’apporter des informations et des décryptages importants pour nos adhérents. Aussi, nous réalisons avec l’État et nos partenaires de nombreuses études. Nous venons notamment de réaliser avec plusieurs de nos partenaires environnementaux des fiches du développement durable pour mettre en avant les bonnes pratiques des petites villes en la matière.
  • Formation : nous sommes également un organisme agréé de formation et proposons tout long de l’année des formations dans les territoires ou à Paris. Depuis quelques semaines, nous avons également lancé des webinaires qui ont très bien marché.

Quel est le profil de vos adhérents ? Les membres de votre association ?

Sacha Bentolila : Nous avons des villes péri-urbaines comme Sceaux et des villes plus rurales comme Saint-Flour. Nos adhérentes sont en majorité des villes de moins de 10 000 habitants. Aussi, la présence d’élus issus de différents horizons politiques favorise le dialogue et le partage d’idées. Les Outre-Mer sont également représentés à l’APVF et dans ses instances.

Comment s’organise votre association ?

Sacha Bentolila : Les organes de l’APVF se composent d’un Président, d’un Président délégué ainsi que de Vice-présidents. Il y a également un bureau et un conseil d’administration qui se réunissent plusieurs fois dans l’année pour arbitrer certains sujets et réfléchir sur les enjeux à venir pour les petites villes. Afin de renforcer sa vision prospective, l’APVF s’est dotée d’un conseil scientifique qui se réunit plusieurs fois par an.

Quel est votre rôle au sein de l’association ?

Sacha Bentolila : Je m’occupe des questions environnementales (transition énergétique, mobilité durable, biodiversité, mobilité), un sujet qui m’intéresse depuis longtemps. Je m’occupe également des relations avec le Parlement. L’APVF étant une petite structure nous avons la possibilité d’être réactifs et de prendre position rapidement sur les sujets qui intéressent les petites villes.

En quoi consiste votre accompagnement ?

Sacha Bentolila : L’APVF accompagne les collectivités de plusieurs manières :
  • En les informant via sa newsletter hebdomadaire mais aussi via sa tribune mensuelle qui vient d’être refaite. L’APVF publie également régulièrement des décryptages sur des sujets d’actualité ou des projets de loi en cours d’examen ;
  • En les conseillant sur différents sujets allant de la transition écologique, aux questions écologiques ou financières ;
  • En les formant : L’APVF est un organisme de formation agréé par le ministère de l’Intérieur. Ses formations à Paris mais aussi dans les territoires sont très utiles pour les petites villes.

Quels sujets avez-vous porté pour l’APVF auprès des Pouvoirs Publics ?

Sacha Bentolila : Notre contribution au Grand Débat, mais aussi notre contribution au Monde d’Après sortie récemment fait des propositions sur la mobilité, les finances publiques, le logement ou encore la décentralisation et la transition écologique. En la matière, l’APVF défend une transition écologique :

  • Locale en remettant les collectivités territoriales au cœur des politiques environnementales ;
  • Sociale en prenant en compte le volet de la rénovation énergétique et la question de la précarité énergétique. Elle propose notamment la mise en place d’un grand plan de rénovation énergétique du bâti public et privé mais aussi la création d’un guichet unique d’aide et de financement sur tout le territoire.
  • Ambitieuse : Il faut donner les moyens aux territoires de mettre en œuvre la transition énergétique. Les CTE[1] sont un bon outil à condition qu’ils soient généralisés et ciblés en priorité les plus petits territoires.

Nous portons également des propositions sur l’économie circulaire, les nouvelles mobilités ou encore les énergies renouvelables.

L’efficacité énergétique, la rénovation énergétique, les économies d’énergie, qu’est-ce que cela évoque pour vous ?

Sacha Bentolila : L’énergie la moins chère et la moins polluante est celle que l’on ne consomme pas. Lutter contre la précarité énergétique revient à s’attaquer aux défis environnementaux mais aussi sociaux. De nombreux habitants de petites villes rencontrent aujourd’hui des difficultés pour se chauffer.

C’est pourquoi l’APVF considère que l’efficacité énergétique doit être au cœur de la politique environnementale.

Quelle est l’implication de votre structure en matière de transition écologique, voire plus précisément de transition énergétique ?

Sacha Bentolila : Notre structure s’efforce de défendre auprès des décideurs une transition écologique plus locale et plus sociale tout en accompagnant les petites villes dans cette transition.

Associée à toutes les réunions ministérielles sur ce sujet, l’APVF est un véritable intermédiaire entre l’État et les territoires. L’APVF accompagne également et conseille ses adhérents dans ce domaine.

Quelle est la vision et l’ambition des petites villes sur le sujet de la transition énergétique ? Et sur le volet de la rénovation ?

Sacha Bentolila : Malgré le manque d’ingénierie dans les territoires, ces derniers n’hésitent pas à mettre en œuvre des projets toujours plus innovants. Nous avons sorti récemment des fiches du développement durable qui mettent en avant ces initiatives dans les petites villes. La place accordée aux propositions environnementales dans le programme des candidats aux municipales prouve bien l’envie des territoires d’accélérer la transition écologique.

Cette envie se retrouve notamment en matière de rénovation énergétique malgré le changement permanent des règles en la matière.

Est-ce que le dispositif des Certificats d’Économies d’Énergie évoque quelque chose pour vous ? De même que le programme TEPCV ?

Sacha Bentolila : L’APVF suit de très près ces deux dispositifs. Mais ce n’est pas le cas pour tous nos élus.

La complexité des dispositifs et leur perpétuelle évolution fait que certains élus peinent à bien les appréhender. Par exemple, ce sont en grande partie des grandes intercommunalités qui ont candidaté aux CTE.

Le frein est-il notamment le seuil de 20 GWhc pour les dépôts des dossiers ? De même que la réduction potentielle du délai de dépôt à 6 mois ?

Sacha Bentolila : La question des délais est en effet essentielle pour les petites communes. Un mois de différence est une différence importante pour des maires qui doivent souvent tout faire tout seul. Cette question des délais est fortement liée aux questions d’ingénierie. C’est parce que les petites collectivités manquent d’ingénierie qu’elles ne peuvent pas bien remplir leur dossier.

Quelles sont les difficultés rencontrées par vos adhérents dans leurs ambitions et projets énergétiques et écologiques ?

Sacha Bentolila : Comme évoqué dans mes précédentes réponses, les petites villes rencontrent deux principales difficultés en la matière :

  • Un manque d’ingénierie tant au niveau du développement du projet que dans sa mise en œuvre
  • Un manque de financement pour mettre en œuvre leur projet.
  • Une complexité juridique : beaucoup de collectivités sont freinées dans leurs projets en raison de la complexité des normes.

Comment envisagez-vous l’engagement des futurs élus en matière de transition écologique ? 

Sacha Bentolila : Comme lors de la campagne électorale, la transition écologique va être au cœur du mandat municipal pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, comme dans bien d’autres sujets, l’élu local a bien conscience de l’urgence écologique et de la nécessité d’agir.

La demande citoyenne est également forte, notamment dans les petites villes. Les citoyens veulent des produits issus des circuit-courts, des mobilités douces et des énergies propres.

Enfin, l’échelon local est le bon échelon pour mener à bien cette transition. Les énergies renouvelables, les mobilités douces, la rénovation énergétique, les circuits courts sont des sujets avant tout locaux.

Selon 9 Français sur 10, les maires ont un rôle important à jouer pour inciter leurs administrés à réduire leur propre consommation d’énergie. Quel est le véritable pouvoir des maires pour accélérer la transition énergétique de leurs administrés ?

Sacha Bentolila : Même si la compétence environnementale ne relève pas directement des communes, elles ont un rôle essentiel à jouer à plusieurs niveaux en la matière.

Les municipalités sont avant tout des exemples. Elles doivent montrer la voix en étant écologiquement exemplaire, notamment au niveau des bâtiments municipaux.

Le maire et les élus locaux doivent dans le même temps impulser un dynamique sur le territoire. Les maires sont les « ambassadeurs » de la transition écologique dans les territoires.

Enfin, les maires doivent accompagner dans la limite de leur compétence les initiatives en faveur de la transition écologique sur leur territoire. Ils peuvent notamment agir sur le volet sensibilisation ou recyclage.

Quel est l’impact du Covid-19 dans l’engagement écologique des petites villes ?

Sacha Bentolila : Les petites villes ont bien en tête le lien entre crise sanitaire et crise écologique. C’est pourquoi, elles n’ont pas oublié leur engagement environnemental durant la crise. Certains élus ont par exemple réduit l’éclairage public durant le confinement pour réduire leur empreinte carbone. D’autres élus ont également fait un gros travail de sensibilisation pour que les habitants continuent à recycler.

Quel est l’impact du Covid-19 dans votre organisation ?

Sacha Bentolila : Tout au long de la crise, l’APVF a continué à fonctionner à plein régime et même parfois à un plus gros rythme que d’habitude. Les élus des petites villes, mais aussi le gouvernement, avaient besoin d’une association réactive et force de proposition pour faire face à cette crise.

Nous avons publié pour les élus locaux de nombreux décryptages qui ont ensuite été complétés par des webinaires portant notamment sur l’élection municipale en période de Covid-19. Un nouveau webinaire est prévu le mardi 30 juin prochain sur les emplois de direction de cabinet. Dans le même temps, nous avons porté la voix des petites villes auprès des décideurs publics et avons participé à de nombreuses réunions ministérielles.

Dans une période aussi compliquée pour les élus locaux, nous tenions également à favoriser le partage de bonnes pratiques avec la publication de témoignages d’élus locaux mais aussi la rédaction de notes bonnes pratiques confinement et déconfinement.

Enfin, nous avons fait des propositions ambitieuses et concrètes pour le « Monde d’Après » que vous pouvez retrouver dans notre contribution sortie il y a quelques semaines. Comme nous avons pu le rappeler au sein même de cette contribution, les territoires doivent être au cœur de la relance.


[1]Les contrats de transition écologique sont une démarche innovante pour accompagner et soutenir la transformation écologique des territoires. Ils illustrent la méthode souhaitée par le Gouvernement pour accompagner les collectivités locales : une co-construction avec les territoires d’une transition écologique génératrice d’activités économiques et d’opportunités sociales.


 

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