Podcast - Territoires engagés : #3 L’Anett, pour la transition énergétique dans les territoires touristiques

Rédigé par Julie B.
Mis à jour le 06 oct. 2022
Temps de lecture : 9 min
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Sommaire

Émission : Territoires engagés - Podcast #3

L’Anett, pour la transition énergétique dans les territoires touristiques 

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Au bout d'un an de crise sanitaire, le tourisme est certainement le secteur le plus impacté. Stations de sports d’hiver, stations thermales, Outre-Mer, littoral ont vécu des saisons blanches, ont vu leurs fréquentations diminuer drastiquement et leurs établissements fermer. C’est le constat que fait Géraldine Leduc, directrice générale de l’Anett, l'Association Nationale des Élus des Territoires Touristiques. Pour autant, son enthousiasme et son optimisme restent intacts. 

Le soutien de l’Anett aux territoires touristiques tout au long de la crise, associé aux aides de l’État et de partenaires engagés, s’est traduit par l’apport d’aides financières, de subventions pour la rénovation énergétique, d’un accompagnement sur la législation de la transition énergétique, et surtout d’une réflexion de fond menée avec les élus et les acteurs sur le tourisme de demain, qui doit concilier protection de l’environnement et développement économique. Rencontre.

« On a beaucoup parlé dans notre commission de slow-tourisme. C'est aujourd'hui un engagement et une volonté de vivre ses vacances différemment ».

Géraldine Leduc, directrice générale de l'Anett


Présentation de l'Anett

Hellio : pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’ANETT ?

Géraldine Leduc : Oui, l’Anett est l’une des associations d'élus les plus anciennes puisqu’elle a été créée en 1930. À l'époque, c'était l'Association nationale des maires des stations classée des communes touristiques, on a changé son nom en 2015 et ses statuts pour prendre en compte le non-cumul des mandats des élus et la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République ndlr) qui transfère la compétence de promotion du tourisme des communes vers les intercommunalités. L’Anett, c'est aujourd'hui à peu près 950 communes touristiques qui représentent tous les territoires touristiques et géographiques de notre pays, avec leurs spécificités, donc le littoral, le thermal, la montagne, l'outre-mer, le rural et l’urbain. Et nos communes ont des tailles démographiques très différentes. Je dirais en un mot, que nous sommes vraiment un réseau actif qui fédère les acteurs locaux engagés dans le tourisme.


L'accompagnement de l'Anett

Hellio : justement, vous parlez de fédérer, de quelle façon accompagnez-vous les territoires touristiques dans vos missions ?

Géraldine Leduc :

  1. Notre 1ère mission est de défendre les intérêts de nos territoires auprès des pouvoirs publics. Justement en 2015, on a créé un collège de parlementaires. Aujourd'hui, ils sont 85 qui œuvrent à nos côtés pour proposer des amendements dans les lois, déposer des questions écrites, nous aider auprès du gouvernement. En ce moment, on se mobilise sur le projet de loi Climat et résilience qui est en cours d'examen à l'Assemblée nationale. Ensuite, il y aura la loi 4D sur la décentralisation qui démarrera son examen au Sénat début juillet. Donc, il y a chaque fois des dispositions qui peuvent interférer sur nos communes. C'est aussi le cas dans la loi de Finances, et cette année, on a obtenu un certain nombre d'amendements qui vont effectivement permettre à nos communes de faire des avancées. 
    En même temps, nous sommes un interlocuteur privilégié des ministères. L’Anett est membre du Conseil interministériel du tourisme et participe à toutes les réunions du ministre du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne, qui ont lieu toutes les 3 semaines environ. Ces réunions rassemblent les acteurs locaux du tourisme. C'est très important car chacun peut effectivement présenter ses doléances et ses souhaits. 
  2. Une autre de nos missions est d’accompagner nos adhérents sur les actualités du secteur, dans la mesure où il y a beaucoup de nouvelles dispositions ces dernières semaines. Nous leur diffusons un certain nombre de documentations via notre journal France Tourisme, via des newsletters ou des mails. Nous souhaitons que nos élus soient au courant des actualités qui les concernent en premier chef. C’est aussi pour cette raison que nous avons créé 6 commissions qui se réunissent régulièrement : sur les hébergements touristiques, les casinos, le patrimoine, le tourisme durable, le tourisme innovant et les nouvelles technologies, et une sur l’outre-mer. 
  3. Enfin, notre dernière mission est aussi une mission d'expertise et de conseil juridique. Nous aidons nos élus lorsqu’ils ont besoin d'être accompagnés sur des dossiers de classement, pour obtenir des subventions, ce qui est très important.

Le secteur du tourisme en contexte de crise sanitaire

Hellio : oui, en effet, avec les conditions actuelles, votre rôle et vos missions sont essentiels. Justement, quel bilan faites-vous du tourisme en France dans les conditions de crise sanitaire qui sont malheureusement les nôtres depuis mars 2020 ?

Géraldine Leduc : Alors, effectivement, le constat au bout d'un an de crise sanitaire, c’est que le tourisme est certainement le secteur le plus impacté. Du jour au lendemain, tout a été arrêté. On est aujourd’hui au 3ème confinement, et si l’on regarde le bilan des collectivités les plus impactées, on constate que ce sont en 1er les stations thermales. Aujourd'hui, on est en présence de patients fragiles, avec des pathologies, qui n'ont pas eu de cure depuis un an et qui sont vraiment en déficience, c'est un problème. Il faut savoir aussi, que quand les établissements thermaux pourront rouvrir, il leur faudra 3 à 4 semaines pour s’organiser. Ensuite, il y a les stations de sports d'hiver qui, même si elles ont fait une saison plus que correcte en 2020 et ont eu une fréquentation record pendant l'été, n’ont pas eu de saison du tout cette année. C'est vraiment ce qu'on appelle une saison blanche, à nuancer avec une fréquentation différente. Après, il y a l'Outre-Mer qui regroupe aussi des stations. Elles ne sont pas forcément à l'arrêt car pas confinées comme nous avec cependant des couvre-feux, mais elles ont beaucoup de mal à attirer la clientèle, à savoir la nôtre car 80 % de la clientèle vient de la métropole. Donc c'est vraiment compliqué. Enfin, il y a les villes qui sont elles aussi très impactées, le littoral dont on ne sait pas encore comment se présentera la saison. Donc depuis un an, nous avons beaucoup travaillé avec le Gouvernement et les parlementaires pour obtenir une compensation financière pour nos collectivités locales ainsi que pour les acteurs de ces collectivités. Car sans acteurs, les communes n'existent pas : pour accueillir les touristes, il faut des hébergements, des restaurants, pouvoir proposer des activités, des équipements et tout cela aujourd'hui est complètement à l'arrêt. Le gouvernement dès le départ a été très à l'écoute. Aujourd'hui le bilan est de savoir comment on va pouvoir rouvrir, on espère tous qu’à la mi-mai on puisse avoir une 1ère petite porte qui s’ouvre. 

Nous avons été très heureux par exemple, dans le cadre de la loi de Finances, de pouvoir reconduire en 2021 ce qu'on appelle le filet de sécurité pour les collectivités locales, c'est-à-dire que le gouvernement puisse compenser les pertes financières des collectivités les plus impactées. Et on se rend compte que les plus impactés dans notre pays, ce sont les communes touristiques. Grâce à des amendements, grâce au soutien de notre collège de parlementaires, on a pu faire voter cette disposition qui est vraiment importante pour nos communes.


Le tourisme et la rénovation énergétique

Hellio : justement, vous parlez des aides et de financement, ce qui nous amène à notre sujet plus directement qui est le tourisme et la rénovation énergétique. Parce que finalement, la transition énergétique dans les collectivités territoriales et touristiques est une véritable aide aux hébergements de tourisme. Vous êtes partenaire Hellio depuis maintenant 4 ans, qu'est-ce que cela signifie concrètement pour vous ?

Géraldine Leduc : C'est vrai qu'on a démarré avec le dispositif des Certificats d'Économies d'Énergie, qui est un outil très puissant pour pouvoir financer la réhabilitation des bâtiments des collectivités. C'est un levier financier qui permet de moderniser et d'optimiser les structures touristiques

Notre président, qui est maire d'Enghien les Bains, est en train de travailler avec Hellio justement sur les travaux d'économies d'énergie pour la gare et la piscine de sa ville. Car, quand vous êtes une commune touristique, c'est bien d’avoir une gare, cela permet aux touristes d'arriver, c'est le 1er  palier. La piscine, c'est pareil car c’est un équipement de bien-être, structurant à la fois pour les touristes et pour les habitants. On est très heureux de ce partenariat parce qu’il permet à nos territoires d'être accompagnés par Hellio en 1er lieu dans le conseil. Les élus sont souvent perdus, ils souhaitent faire des économies d’énergie, ils ont entendu parler des CEE, mais ne savent pas comment faire. Grâce à Hellio, il y a un conseil, il y a une aide au pilotage et au financement des projets d'économies d'énergie. À la fois pour les équipements touristiques, mais également pour les habitants de la commune, c'est pour cela que je citais l’exemple de la piscine. Pour nous, c'est un levier important et je pense que, dans cette période compliquée, certains en ont profité pour faire des travaux. 

Lorsqu’on a des établissements fermés quels qu'ils soient, quelle que soit leur destination, je pense que c'est le moment de réfléchir à la suite. Dans le cas de notre commission tourisme durable, ce sont des questions que les élus se posent aujourd'hui : que va devenir le tourisme de demain ? Que veut le touriste ? L’Anett tient son congrès les 29 et 30 juin prochains à Enghien les Bains. Nous aurons des temps forts dont un qui est le résultat d'une enquête que nous menons actuellement sur le tourisme dans 10 ans. Qu'est-ce que les élus et les grands acteurs locaux imaginent ? On a beaucoup parlé dans notre commission du slow-tourisme. Cela fait sourire, mais on s’aperçoit que ce n’est pas une niche, que ce n'est pas réservé à des bobos ou à des CSP+. Non, c'est aujourd'hui un engagement et une volonté de vivre ses vacances différemment. C'est là où effectivement Hellio a un rôle à jouer pour aider nos élus parce que parmi les leviers, les aides, les subventions, les dotations, ils ne savent pas par où commencer.

Certaines de nos collectivités sont de très petites communes, avec un maire et une équipe très réduite. Nous sommes en train de réaliser une boîte à outils des partenaires à destination de nos élus, avec Hellio qui fait partie de notre comité de pilotage. Ce sera un autre moment fort de notre congrès, cette boîte à outils, comme une commode à tiroirs, apportera des réponses à nos élus via des fiches pratiques. Par exemple : « je suis maire, comment fais-je pour avoir droit à ce dispositif des certificats d'économie d'énergie ? Ai-je droit pour ma mairie, pour les bâtiments publics, les hébergements de tourisme, pour des particuliers qui ont peu de moyens avec des maisons très énergivores ? » c'est sur cet aspect que nos élus ont besoin de conseils, de pilotage et d’aide. Et c'est clairement là où notre partenariat Hellio a du sens.


La rénovation énergétique, introduction au slow tourisme

Hellio : parce qu'effectivement, rénover énergétiquement un hébergement de tourisme, cela lui permet de faire des économies d'énergie tout en proposant, pour rebondir sur le slow tourisme, une expérience différente à ses clients ?

Géraldine Leduc : C'est cela. Je pense que la crise que nous vivons malheureusement encore, a ouvert les yeux sur beaucoup de choses. Aujourd’hui, on essaie de protéger l'environnement. On a beaucoup consommé et sur-fréquenté. Je participais récemment à une interview sur le problème de la sur-fréquentation et le tourisme de proximité : ce sont des mots finalement que l’on utilisait peu encore il y a quelques temps, car on considérait normal d'être sur une plage surchargée avec peu d’espaces pour chacun, d’avoir des bouchons, des avions, des aéroports bondés… Aujourd'hui, ce n’est plus normal, d’être, pour l'avoir vécu, à Venise et apercevoir au bout d'un canal l’énorme masse d’un paquebot. Il faut profiter de ce moment difficile pour rester optimiste afin de mieux rebondir après. Nous souhaitons tous faire des économies d'énergie, et c’est sans doute maintenant qu’il faut mettre les acteurs autour de la table pour réécrire l’histoire ensemble et écrire la suite. De ce point de vue, Hellio nous aide à concilier le tourisme et la protection de l'environnement. Je crois que c'est l’objectif le plus important : comment concilier les deux, protection et développement économique du tourisme ?


Les missions envisagées avec Hellio 

Hellio : vous vous êtes engagé à nouveau avec Hellio pour un an, avec des dispositifs, cette commode à tiroirs dont vous avez parlé, qui va permettre de donner les outils nécessaires aux territoires et aux communes de France. Y a-t-il d'autres missions que vous avez d'ores et déjà envisagées avec Hellio ?

Géraldine Leduc : J’ai eu la chance de participer à une conférence de presse au San Regis, hôtel qui a profité de ce moment difficile de confinement pour faire des travaux de rénovation. J’ai été quand même « scotchée », je trouve cela extraordinaire, j'aimerais bien rebondir sur des exemples comme celui-ci. Et justement, notre boîte à outils va nous permettre de montrer ces exemples à d'autres, d’expliquer comment il a été mis en place, pour quelle raison, et quels en sont les avantages et les bénéfices. Ensuite, dès que nous le pourrons, nous réorganiserons des rencontres avec nos partenaires, avec des parlementaires pour prêcher la bonne parole sur leur territoire, et puis j'espère que nous pourrons nous déplacer en régions et effectivement aller à la rencontre des élus, leur montrer des exemples concrets. 

Notre association va fêter ses 90 ans avec une belle histoire derrière elle :  créée en pleine crise de 29, elle a survécu à la 2nde Guerre mondiale, et aux crises qui ont suivi comme mai 68 ou la crise du pétrole, actuellement la crise sanitaire. Alors aujourd’hui, on regarde les 10 années à venir avec la joie de lancer la saison touristique avec nos partenaires lors de notre congrès ! Nous écrivons aussi une belle page avec nos 20 partenaires au sein du club des partenaires. Le but est de les fédérer entre eux car ils ont des liens et beaucoup de choses à faire ensemble. Il y a un petit groupe de start up dans ce club dont une qui travaille avec Hellio maintenant.  Le président de Hellio a toujours beaucoup d'idées, et fait partie des antennes très intéressantes pour nos élus. De très beaux projets donc, et on espère écrire la suite de l'histoire du tourisme ensemble.

Retrouvez le podcast #2 de l'émission « Territoires engagés » en cliquant sur le lien suivant : Breitenbach, une commune engagée dans la transition énergétique

Tags associés : Témoignages, Podcast

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Cet article a été rédigé par Julie B.,

Directrice Presse & Communication - Journaliste

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