La stratégie pour une vague de rénovations élaborée par la Commission européenne vise une transformation à grande échelle, indispensable pour relever le défi climatique et social. Dévoilée en octobre 2020, cette stratégie de rénovation énergétique des bâtiments en Europe repose sur une série de principes phares. Création d’emplois verts locaux, lutte contre la précarité énergétique, baisse des gaz à effet de serre : la démarche se veut globale et triplement gagnante pour les pays membres de l’Union européenne.
Hellio, partenaire énergie des Français
En quoi consiste la stratégie « vague de rénovation » de la Commission européenne ?
Le 14 octobre 2020, la Commission européenne a adopté sa stratégie pour une vague de rénovation des bâtiments. Elle s’inscrit en plein cœur du pacte vert pour l’Europe, la nouvelle politique de croissance de l’Union européenne (UE) pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Cap sur la rénovation énergétique des bâtiments européens
Le parc immobilier européen pèse lourd dans la balance face au défi climatique. En effet, la majorité des logements et autres constructions s’avèrent vieillissants et trop énergivores. À l’origine de 40 % de la consommation totale d’énergie de l’UE et 36 % des émissions de gaz à effet de serre, ces structures ne sont plus adaptées aux enjeux énergétiques actuels.
Intitulée renovation wave en anglais, la stratégie publiée par la Commission européenne vise ainsi à améliorer la performance énergétique des bâtiments en déclenchant une vague de travaux de rénovation de grande envergure. Une ambition partagée par l’État français, puisque le gouvernement annonçait d’ores et déjà son propre plan de relance axé sur la transition écologique en septembre 2020.
LE CHIFFRE HELLIO : 85 %
La Commission européenne estime que plus de 220 millions de bâtiments édifiés avant 2001 auraient besoin d’être rénovés. Cela représente 85 % du parc immobilier des pays membres de l’UE. Pourtant, seuls 1 % par an des bâtiments font l’objet d’une rénovation incluant l’efficacité énergétique. De plus, les rénovations globales permettant de réduire la consommation d’énergie d’au moins 60 % ne concernent que 0,2 % des bâtiments..
Les principes clés de la vague de rénovations européennes
Le rapport de la Commission européenne donne le ton dès la première page avec une triple volonté : « verdir nos bâtiments, créer des emplois, améliorer la qualité de vie ».
La stratégie globale de rénovation énergétique de l’Europe s’articule autour de sept principes fondamentaux :
- L’efficacité énergétique comme pierre angulaire des politiques et décisions d’investissement des États membres (energy efficiency first).
- L’accessibilité économique des logements et des dispositifs de rénovation, notamment pour les ménages vivant dans des passoires thermiques.
- La décarbonation et l’utilisation d’énergies renouvelables locales dans la rénovation des immeubles.
- La circularité et la mise en place d’une réflexion orientée sur le cycle de vie pour minimiser l’empreinte carbone des bâtiments.
- L’exigence des normes relatives à la santé et à l’environnement pour assurer une qualité de l’air optimale, une bonne gestion de l’eau, une protection contre les catastrophes naturelles et les substances dangereuses, ainsi qu’une sécurité en cas d’incendie ou de séisme.
- L’intégration simultanée des transitions vertes et numériques au centre de la rénovation des immeubles, pour des systèmes de production et de distribution d’énergie plus efficaces et moins polluants.
- Le respect de l’esthétique des bâtiments et de leur qualité architecturale.
Ces lignes directrices font écho aux propositions formulées par Hellio en décembre 2021 pour un développement du modèle de l’efficacité énergétique, dans le cadre de la refonte des directives sur l’efficacité énergétique et sur la performance énergétique des bâtiments (DEE et DPEB).
Quels sont les objectifs de la stratégie et dans quels domaines s’applique-t-elle ?
L’objectif principal de la stratégie est au minimum de doubler le taux annuel de rénovation énergétique des bâtiments résidentiels et non résidentiels d’ici 2030, actuellement de 1 %/an.
Grâce à cet effort, 35 millions de bâtiments ainsi rénovés deviendraient plus écoresponsables. Par ailleurs, le fait de multiplier ce taux par 2 représente une contribution considérable au paquet climat à l’horizon 2030, qui vise à réduire de 55 % les émissions nettes de gaz à effet de serre.
L’ASTUCE HELLIO :
Les économies d’énergie et la diminution des rejets de CO2 ne sont pas les seuls bénéfices attendus par la stratégie renovation wave. En réalité, elle s’inscrit dans une approche globale qui profite à tous les pays européens, tant sur le plan environnemental, que sociétal et économique. Et ce, grâce à des bâtiments plus sains, abordables, décents et résilients.
L’augmentation devrait s’opérer progressivement au cours de la prochaine décennie, pour permettre l’adaptation des filières impactées. La Commission européenne estime ainsi une évolution du taux à 1,2 % par an en 2023-2025, puis d’au moins 2 % par an de 2026 à 2029. Elle projette également que le taux de rénovation concernant uniquement le changement de l’équipement de chauffage sera d’environ 4 % en 2026-2030.
La Commission précise que la massification et l’accélération des rénovations devront se poursuivre en profondeur après 2030, afin que l’Europe remplisse son objectif d’émissions nettes nulles en 2050.
Les domaines concernés par la stratégie européenne
La politique européenne de rénovation énergétique inclut les habitations résidentielles, mais aussi les bâtiments des secteurs privé et public (hôpitaux, infrastructures sociales, écoles, administrations publiques, etc.). À ce titre, ces derniers sont incités à ouvrir la voie pour motiver la demande de rénovation.
Trois domaines prioritaires ont néanmoins été identifiés :
- La lutte contre la précarité énergétique avec, dans le viseur, les bâtiments les plus gourmands en énergie. D’après la Commission, près de 34 millions d’Européennes et Européens éprouvent des difficultés à chauffer leur logement. La précarité énergétique est un enjeu particulièrement préoccupant, qu’il convient de résoudre dans les meilleurs délais.
- La rénovation des bâtiments publics. Les pays doivent montrer l’exemple en rénovant le parc immobilier public. En France, le gouvernement a ainsi transféré des responsabilités accrues aux régions, véritables moteurs de la transition écologique.
- La décarbonation des équipements de chauffage et de refroidissement. À ce titre, Hellio a déployé une offre de photovoltaïque destinée à réduire les émissions de CO2 des bâtiments.
Ces trois champs d’application nécessitent une attention particulière, car ils jouent un rôle crucial dans l’accroissement du taux de rénovation et le mieux-vivre.
Quelles sont les actions principales de la stratégie ?
Complexe, chronophage, onéreuse… de nombreux obstacles jalonnent la chaîne de valeur de la rénovation. Pour lancer un déploiement massif et durable d’une rénovation énergétique en Europe, ces barrières doivent donc être éliminées une à une.
Ainsi, la feuille de route de la Commission européenne comporte six actions majeures destinées à débloquer la rénovation des bâtiments dans leur globalité :
- Consolider le cadre législatif (réglementation et normes) de la performance énergétique des bâtiments et densifier les informations disponibles à ce sujet. L’objectif : inciter davantage les acteurs privés et publics à rénover.
- Garantir un financement approprié et mieux ciblé grâce aux mesures « rénover » et « monter en puissance » du plan de relance NextGenerationEU (un investissement supplémentaire d’environ 275 milliards d’euros est requis chaque année jusqu’en 2030 pour tenir le pari du fit for 55). L’objectif : lever le frein financier, qui constitue le facteur dissuasif numéro un dans le cadre d’une rénovation non résidentielle.
- Déployer et intensifier l’assistance technique apportée aux acteurs locaux et régionaux, et favoriser la montée en compétences des travailleurs dans les 160 000 nouveaux emplois verts que devrait générer la vague de rénovations. L’objectif : augmenter la capacité de préparation et de mise en œuvre des projets de rénovation.
- Développer l’utilisation et le réemploi de matériaux de construction durables, l’intégration de solutions circulaires et basées sur la nature, la valorisation de la matière, et encourager la révision de la législation en matière de commercialisation des produits de construction. L’objectif : réinventer le secteur de la construction en un écosystème apte à proposer une rénovation durable des bâtiments.
- Promouvoir une approche participative centrée sur le voisinage pour les communautés locales. L’objectif : privilégier l’intégration de solutions numériques et renouvelables pour créer des quartiers zéro énergie.
Lancer un nouveau Bauhaus européen, un programme d’avenir interdisciplinaire pour la transformation technologique, numérique et verte autour des thèmes de la durabilité, de l’esthétisme et de l’inclusion. L’objectif : stimuler la créativité et l’innovation durable avec la réalisation de projets de construction expérimentaux et concrets, afin de construire une vie meilleure pour tous les citoyens de l’UE.
La révision de la directive sur la performance énergétique des bâtiments : quelles modifications ?
La directive sur la performance énergétique des bâtiments (DPEB) détermine les normes et exigences que les pays de l’UE doivent respecter à ce sujet. Déjà modifié en 2018, cet instrument législatif a fait l’objet d’un nouveau projet de révision, présenté le 14 décembre 2021 dans la deuxième partie du paquet climat. Il permet d’aligner les règles existantes sur la stratégie pour une vague de rénovations et le pacte vert pour l’Europe.
L’INFO HELLIO :
La révision de la DPEB comporte d’autres ajustements, tels qu’une meilleure lisibilité des certificats de performance énergétique, la mise en place d’un passeport de rénovation du bâtiment, ou encore le droit d’interdire l’usage de combustibles fossiles dans les bâtiments.
Le changement principal apporté par la révision concerne le « zéro émission » pour tous les bâtiments neufs à partir de 2030, et dès 2027 pour le secteur public neuf.
Autre modification conséquente : l’obligation de rénovation des 15 % des bâtiments les moins performants de chaque État membre (classe d’efficacité énergétique G). Les travaux de rénovation devront permettre à ces logements de passer au moins à la classe F d’ici 2030. Quant à la mise en conformité des bâtiments non résidentiels avec les nouvelles normes, elle devra être réalisée avant 2027.
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